Le diagnostic surprise de Christian, à l’âge de 38 ans

Christian mène une vie active après le traitement

En début d’année 2021, alors que je me préparais à quitter le Royaume-Uni pour immigrer à Vancouver, j’ai passé un examen médical de routine dans le cadre de ma demande de visa qui a révélé un souffle cardiaque. Nous venions tout juste d’avoir notre deuxième enfant, deux semaines avant, et j’étais encore en congé parental. Avant notre départ pour le Canada, prévu au début du mois d’octobre, nous avions planifié prendre trois mois de congé sabbatique pour traverser l’Europe en caravane aménagée et rendre visite à ma famille et mes amis au Danemark.

Le médecin m’a expliqué plusieurs fois ce qu’est un souffle cardiaque, mais la cause de celui-ci demeurait inconnue : j’étais sous le choc. Je n’ai que 38 ans et j’ai toujours été très actif et eu une excellente alimentation, d’autant plus que je n’ai présenté aucun symptôme. Le médecin devait certainement se tromper.

On m’a envoyé consulter un cardiologue. Après un examen rapide, il était convaincu que mon souffle cardiaque était causé par une défaillance de ma valve aortique. Bien entendu, un électrocardiogramme (ECG) et un échocardiogramme ont été nécessaires pour confirmer ce diagnostic. J’étais toujours sous le choc et, honnêtement, dans le déni; je n’avais pas l’impression d’être malade.

Mon cardiologue m’a parlé des résultats par téléconsultation. Maintenant, c’était clair : mon souffle cardiaque était bel et bien causé par une valve aortique défectueuse, qui laissait fuir beaucoup de sang. En termes médicaux, on parle de régurgitation aortique, mais je préfère utiliser le mot « reflux ». Dans les faits, le sang fraîchement oxygéné par mes poumons, celui que mon cœur devait envoyer dans le reste de mon corps, allait à contre-courant. Il était repompé par le cœur. Pour compenser, le ventricule gauche de mon cœur s’est élargi, et c’est pourquoi, avec ma santé globale et mon style de vie actif, je n’ai jamais eu de symptômes. Le cardiologue et ses collègues étaient persuadés que j’avais besoin d’une intervention chirurgicale préventive le plus tôt possible pour alléger le fardeau de mon cœur et éviter de futures complications et des dommages irréversibles. Une tomodensitométrie (TDM) était nécessaire pour affiner le diagnostic, mais un rendez-vous de consultation avec un chirurgien cardiaque avait déjà été fixé. J’avais toujours de la difficulté à accepter ce qui m’arrivait.

Par une journée pluvieuse de mai, j’ai enfourché mon vélo et je suis allé passer une TDM. Le trajet m’a aidé à calmer l’anxiété que j’éprouvais concernant le test, notamment le fait qu’on allait m’injecter un produit de contraste dans le sang. Heureusement, le tout était très simple, et j’ai été soulagé d’apprendre que le produit de contraste n’avait pour effet que de me donner l’impression d’avoir fait pipi dans mon pantalon.

Ma femme et moi avons rencontré le chirurgien qui nous a donné les résultats du test et expliqué en détail pourquoi le remplacement de la valve défaillante était fortement conseillé. Nous avons fixé une date provisoire pour l’opération, et il ne restait plus que mon dentiste confirme l’absence d’infection (nécessitant une radiographie complète), et que je reçois ma deuxième dose de vaccin contre la COVID. Je devais aussi choisir entre une valve mécanique ou biologique. Cette consultation a été un tournant pour moi, puisque j’ai commencé à accepter la réalité.

Le mois de mai a été très chargé émotivement pour nous à la maison, avec la merveilleuse venue au monde de notre adorable deuxième enfant et le diagnostic soudain de ma maladie valvulaire cardiaque. Ce dernier a complètement bouleversé nos plans, surtout notre déménagement de l’appartement et notre emménagement dans le fourgon de voyage pour partir à l’aventure dès la fin de juin, avec l’ajout d’une opération au calendrier. Nous avons dû mettre nos vies en suspens. C’était difficile à croire; tout s’est passé si vite. De plus, ça n’a pas été facile pour moi de faire face à ma propre mortalité, qui fait partie des risques associés à toute intervention chirurgicale.

J’ai trouvé extrêmement utile de parler à quelqu’un qui avait récemment subi une opération, et ce, grâce à Une voix aux maladies valvulaires du Royaume-Uni. Avant mon opération, je n’avais jamais été hospitalisé et n’avais jamais subi d’anesthésie ou d’opération, quelle qu’elle soit. J’ai eu beaucoup de soutien de ma tendre femme, de ma famille et de mes amis, mais j’avais besoin de parler à une personne qui était passée par là : il était difficile pour moi de m’imaginer à quoi ressemblerait mon rétablissement et comment un événement de la sorte changerait ma vie. Ma conversation avec Derrick Johns n’était pas seulement une causerie entre une personne « valvulée » et une autre sur le point de le devenir. Elle m’a aidé à finalement accepter ma nouvelle réalité et à me préparer mentalement à ce qui restait à venir.

La veille de mon opération, j’ai été admis à l’hôpital en après-midi pour passer des tests préopératoires et pour me préparer à subir une opération tôt le matin du 10 juin. Ce jour-là, j’avais eu peine à quitter la maison en sachant ce qui allait se passer et en sachant aussi que ma femme et mes enfants ne pourraient pas me visiter à l’hôpital en raison des restrictions liées à la COVID. Les préparatifs et les tests se sont bien passés, et je me suis enfin senti prêt.

Le lendemain, j’ai reçu un agréable appel de ma femme et mes enfants alors que, assis à la fenêtre de ma chambre, je regardais les gens se promener en cette belle journée ensoleillée. On est ensuite venu me chercher à 8 h 30 pour m’amener à la salle d’opération. Une fois arrivé, je me suis laissé emporter calmement par le sommeil, peu de temps après qu’on m’a eu inséré une aiguille dans la main.

Vers 13 h, le chirurgien a appelé ma femme pour l’informer que tout s’était bien passé. Vers 18 h 30, je me suis réveillé, seul, dans l’unité des soins intensifs. Malgré mon réveil un peu effrayant, avec tous les moniteurs, les voyants lumineux et les tubes, entre autres choses, je me souviens plutôt de m’être senti très soulagé et content que tout avait bien été. À ma grande surprise, l’équipe de chirurgie a pu remplacer ma valve aortique avec une effraction minimale. Ce faisant, seulement une partie de mon sternum avait été ouverte, ce qui favorise un prompt rétablissement. Le soir même, j’ai pu parler un peu à ma femme, mais j’avais de la difficulté à rester éveillé. J’ai passé les deux jours suivants aux soins intensifs jusqu’à ce qu’on m’installe dans une chambre où je pouvais circuler à ma guise. C’était un beau jour, même si je me sentais un peu déprimé en cette troisième journée après l’opération, dont on m’avait heureusement parlé à l’avance – c’est le moment où l’effet des médicaments s’estompe.

Seulement une semaine après mon opération, j’étais dans un Uber en route vers chez moi, par une journée magnifique, grâce à ce que le personnel hospitalier appelait un « rétablissement sans incident ». Bien sûr, cette expérience m’a posé certains défis, comme le fait d’avoir subi une opération majeure et ne pas avoir eu droit de recevoir des visiteurs en raison des restrictions imposées par la COVID. Cependant, le soutien de ma chère femme et mes chers enfants, de ma famille, de mes amis et du personnel sympathique de l’hôpital m’a aidé à traverser l’épreuve.

À ce jour, je demeure impressionné de la façon dont tout a été bien géré et, surtout, du bon fonctionnement des équipes de soins. C’était plus que du travail bien fait : les équipes ont réellement été bienveillantes et chaleureuses, des qualités qu’on n’observe que chez les personnes qui ont vraiment le bien-être de leurs patients à cœur. C’est une chose que je ne tiens pas pour acquise, comme bien d’autres dans la vie maintenant que j’ai reçu une deuxième chance et que je me suis complètement rétabli en six semaines, à la maison, avec ma famille.

Après ma convalescence, nous avons mis le contenu de notre appartement dans un conteneur à la fin août, sommes montés à bord de notre « caravane » et avons pris la route pour Copenhague. Nous avons réuni toute la famille, et nous nous sommes mariés. À la fin septembre, nous avons fait un dernier déplacement pour nous installer dans notre nouvelle maison à Vancouver, où je parcours environ 60 km à vélo par semaine sans difficulté.

La vie est si précieuse quand on apprend à la voir comme un cadeau. Je suis très reconnaissant d’avoir reçu un diagnostic tôt et d’être maintenant guéri. Chaque jour, le faible cliquetis de ma valve mécanique (ma voix valvulaire cardiaque) me rappelle que je ne dois pas tenir la vie pour acquis et que je dois vivre ma vie pleinement. Je ne gaspillerai pas ma deuxième chance!

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« Une stéthoscopie peut sauver des vies. »