Une affaire de famille

Alors que Lise était âgée de 19 ans, on lui a découvert un souffle cardiaque lors d’un examen médical de routine. L’affection a dès lors été surveillée au moyen d’examens annuels, qui comprenaient des auscultations au stéthoscope. Cette approche assurait une certaine tranquillité d’esprit à la patiente.

Grâce à cette quiétude, Lise a joui d’une vie normale, quoiqu’il ait été parfois difficile pour elle de savoir quels symptômes étaient associés à son problème de valvule et lesquels étaient associés à son asthme ou à son rhume des foins, dont elle souffrait également.

À 50 ans, Lise présentait toujours des symptômes et a donc été redirigée vers un cardiologue. Après quelques examens plus approfondis, dont une épreuve à l’effort et une imagerie par tomodensitométrie, on lui a annoncé que sa valvule aortique était calcifiée et régurgitait, et qu’on pouvait la réparer. Sachant cela, elle a tout de même décidé de ne pas subir d’opération à ce moment : elle trouvait que sa situation était gérable puisque, après tout, elle arrivait toujours à jogger quelques kilomètres par semaine.

Au fil des années qui ont suivi, la santé de Lise s’est détériorée. À l’âge de 56 ans, elle avait plus de difficulté à respirer, ce qui nuisait à sa capacité de faire de l’activité physique et de réaliser des tâches simples. Parfois, elle avait même des étourdissements en marchant dans sa maison.

Une angiographie a confirmé que la valvule aortique de Lise ne fonctionnait plus qu’à 33 %. La quinquagénaire avait besoin d’un remplacement valvulaire, ainsi que d’un pontage pour contourner une obstruction de ses artères coronaires.

Lise et sa chirurgienne ont discuté de deux types de valvule de remplacement : la valvule biologique et la valvule mécanique. Lise préférait la valvule mécanique en raison de sa grande durabilité. Avec ce type de valvule, elle allait devoir prendre une petite dose de warfarine pour éclaircir son sang, mais elle allait pouvoir suivre son INR – une mesure du temps que prend son sang à coaguler – à la maison à l’aide d’un coagulomètre. Puisque Lise était plutôt jeune et en forme, la chirurgienne croyait aussi que la valvule mécanique était le bon choix pour sa patiente.

Le même été, la sœur de Lise, Eveline, ressentait des douleurs thoraciques intermittentes. À l’insistance de sa sœur, Eveline a consulté son médecin et a rapidement su qu’elle avait besoin d’un pontage coronarien d’urgence.

Le jour où Lise a été admise à l’hôpital pour son opération, ses deux filles ont remarqué le nom de leur tante Eveline sur le tableau des interventions chirurgicales prévues ce jour-là. Était-ce vraiment elle? Durant la visite préopératoire, la chirurgienne de Lise a confirmé que les opérations des deux sœurs allaient se produire une après l’autre et l’a rassurée qu’Eveline irait bien.

Les sœurs se sont bien rétablies de leur opération, en se serrant les coudes tout au long du processus. Lise a suivi un programme de réadaptation à domicile à l’aide de son exerciseur elliptique et d’un vélo stationnaire.

Maintenant qu’elle a 60 ans et qu’elle attend avec impatience de devenir grand-mère, Lise fait de l’exercice d’intensité modérée régulièrement. Le maintien de sa forme lui permet de faire du vélo afin d’amasser des fonds pour les enfants atteints d’un cancer : en 2021, elle a surpassé la distance qu’elle avait parcourue l’année précédente, atteignant les 454 km; en 2022, elle a célébré son cinquième défi à vélo. Il s’agit là de sa façon de donner au suivant.

Lise encourage toutes les femmes à écouter leurs symptômes, à ne pas négliger leur santé ou à ne pas avoir peur de déranger leur médecin. Les symptômes des femmes, qui peuvent se manifester différemment de ceux des hommes, ne doivent pas passer inaperçus. La meilleure façon de s’en assurer est de consulter périodiquement un médecin et de demander une stéthoscopie.

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« Tout ce temps-là, c’était ma valve. »

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Rudy est reconnaissant à sa femme de l’avoir poussé à aller chez le médecin